dimanche 29 juin 2014

Une gestion des réclamations rentable par une démarche à 4 Temps


Une gestion performante des clients mécontents doit être alignée avec l’objectif premier de toute entreprise : la rentabilité. Il ne faut pas tomber dans l’angélisme, sans retour sur investissement aucune activité n’aura les faveurs durables de l’entreprise et plus particulièrement de la Direction Générale. Or l’atteinte d’un tel objectif pour un Système de Traitement de l’Insatisfaction Clients (STIC) passe par une démarche structurée et planifiée.

Des clients mécontents c’est aussi des actionnaires mécontents


Adaptée de Scriabina et Fomichov, Quality Progress; Sep 2005
D’après l’enquête menée au niveau mondial par le cabinet Accenture : la volatilité des clients en 2013 a couté aux entreprises 5900 milliards de dollars de chiffre d’affaire. La principale raison de ces pertes est la double peine subie par les clients : l’insatisfaction due à un service ou produit couplée à l’insatisfaction due au traitement de leurs problèmes. Comme quoi des clients mécontents c’est aussi des actionnaires mécontents.

Ce rapport montre clairement l’impact que pourrait avoir une politique de satisfaction et de fidélisation des clients insatisfaits sur la rentabilité des entreprises. On sait que la fidélité client se mesure avec deux éléments, la satisfaction et la recommandation. La satisfaction seule n’est pas suffisante pour générer la fidélisation. Elle ne mesure que la qualité perçue. La recommandation révèle la confiance accordée au prestataire. Cette dernière est à la base d’une relation client forte et durable.

La fidélisation à la base de la rentabilisation des clients insatisfaits


Alors que la qualité d’une prestation est copiable par les concurrents, les éléments concourants à la confiance ne le sont pas. Ils font partie de la culture de l’organisation : son « génotype » qui est unique. Ce patrimoine est porté par toutes ses fonctions, son réseau, son image, ses clients…

C’est pour cette raison que le traitement de l’insatisfaction est important. Une bonne gestion des réclamations renforce la satisfaction et la confiance du client : ce dernier peut compter sur son prestataire. De nombreuses études montrent qu’un client mécontent qui est satisfait est plus fidèle et achète plus qu’un autre n’ayant pas eu de raison d’insatisfaction. Malheureusement beaucoup d’organisations ne savent pas exploiter ce filon bien qu’il soit une activité historiquement constitutive du commerce (voir l’article à ce sujet). Elles  considèrent cette fonction comme un poste de coûts à réduire et non comme un investissement à rentabiliser.

Rentabiliser le Traitement de l’Insatisfaction Clients en 4 temps

 
Le tableau1 présente une évolution des taux de satisfaction d’une entreprise qui a décidé d’améliorer son STIC en 4 phases. Illustrons la rentabilité du Système de Traitement de l’Insatisfaction Clients (STIC) pour ce cas.
 
Le contexte initial est caractéristique d’une situation courante avec 80% de clients satisfaits et 70% des clients mécontents qui ne réclament pas. Le service clients contente 30% de réclamants, en calme 50% et 20% restent insatisfaits.

Le graphe 1 montre que le nombre de défections est supérieur au nombre de réclamants : seule une minorité de clients mécontents réclament alors que 10 à 20% des consommateurs quittent annuellement leurs prestataires. Les pertes dues à la défection des clients sont importantes (Graphe 2). La bonne nouvelle est que les réclamants sont ceux qui font le moins défection. En fait même si son traitement des réclamations n’est pas performant, une entreprise est obligée de tenir compte d’une partie des plaintes si ce n’est que par peur d’un litige ou d’une mauvaise publicité.

Graphe 1 :Nombre de clients mécontents en fonction de l'évolution de la gestion des réclamation (d'après le modèle de calcul de Voice Of Customer Care)

Graphe 2 :Gain et couts générés par le Système de Traitement de l'Insatisfaction Clients (d'après le modèle de calcul de Voice Of Customer Care)


 1.  Transformer la réclamation en satisfaction 


L’entreprise décide d’améliorer le traitement opérationnel des réclamations (rapidité des réponses, équité des solutions, empathie…), avec comme objectif : 70% de réclamants satisfaits, 20% calmés et 10% insatisfaits.

Le graphe 1 montre que lors de cette phase les défections diminuent. Les couts régressent et les gains engendrés par la rétention des réclamants augmentent (Graphe 2). La raison est qu’il coute moins cher de satisfaire un client mécontent que de recruter un nouveau client. Cependant, une grande majorité de clients mécontents continuent de partir sans s’exprimer. « Quelles sont les raisons qui empêchent tous les clients de réclamer ? » est la question à se poser pour passer à la phase suivante.

Toutefois il est important de garder à l’esprit que la performance du traitement opérationnel des réclamations est un préalable à toute amélioration. La facilité du dépôt des réclamations (disponibilité 24/7, multi-canal, simplification des procédures…) va, dans un premier temps, engendrer une augmentation de volume qu’il faut anticiper. Il est donc nécessaire d’évaluer l’impact de chaque décision sur ce processus. Si les conditions ne sont pas adaptées aux types et à la masse de plaintes en fonction des canaux, des périodes, des horaires etc. il se produit un effet inverse à celui recherché. Ce qui est très dommageable pour l’image de l’entreprise.

2.  Transformer l’insatisfaction en réclamations


L’entreprise décide lors de l’étape suivante de faciliter le dépôt des réclamations pour augmenter le nombre des réclamants.

Le graphe 1 montre que l’hémorragie des défections ralentit malgré l’augmentation des réclamations. Le solde Gains/Couts est stable en dépit de l’augmentation du cout engendré par les plaintes (Graphe 2). L’entreprise n’a rien perdu, au contraire les clients réclamants lui font confiance, sont plus fidèles et achètent plus. Par contre le taux de satisfaction globale ne varie pas, l’entreprise a toujours autant de clients insatisfaits de ses produits et services. « Quelles sont les améliorations à apporter à nos prestations pour satisfaire plus de clients ? » est l’objet de la 3ème phase.

3.  Transformer la satisfaction en fidélisation


L’entreprise décide d’améliorer la qualité des prestations à partir des remarques des clients améliorant ainsi le taux de satisfaction globale.

Le graphe 1 montre que les nombres de clients insatisfaits, réclamants et faisant défection régressent simultanément. Le solde Gains/Couts devient positif permettant à l’entreprise de rentabiliser son STIC (Graphe 2), d’améliorer son image et d’être moins fragile aux attaques des concurrents par la fidélisation de ses clients. A ce stade l’entreprise a momentanément  réussi son pari: CQFD. « Comment perpétuer cette source de profit ? » est la question à se poser pour la dernière phase de ce cycle.

4.  Transformer la fidélisation en rentabilisation


Le phasage par type d’action a été choisi pour isoler l’impact de chacune des améliorations : traitement des réclamations, facilitation des plaintes et qualité perçue des prestations. Dans les faits plusieurs types d’actions peuvent être menés conjointement : on n’attend pas 3 ans pour corriger un dysfonctionnement; lancer un numéro vert pour faciliter les réclamations va nécessiter d’adapter les ressources… En fait les courbes ne sont pas rectilignes, elles sont en dents de scie puisqu’on avance par progrès successifs. La 4ème phase est donc de reboucler sur la phase 1 après chaque cycle d’amélioration du système.

Une démarche cyclique en spirale


La démarche à 4 temps du STIC est une approche cyclique en spirale. Au début il faut se limiter à un nombre restreint d’aspects (par exemples : le temps de réponse aux réclamations, une cause d’insatisfaction, un segment client…). Ensuite le cercle s’élargit (ajout d’un nouveau canal pour les réclamations, l’autonomisation des chargés de clients…). Cette approche permet d’accompagner le changement de culture d’entreprise nécessaire à la mise en place d’une écoute client. Néanmoins il y a trois impératifs pour la réussite de cette démarche :

  1. Planifier la mise en œuvre du système et des actions à mener dans le cadre d’un plan stratégique de l’entreprise les plaçant ainsi dans la durée avec une implication de toute l’entreprise.
  2. Evaluer régulièrement les réussites et les échecs des actions menées et communiquer dessus permettant par là de capitaliser sur les expériences passées et de maintenir une motivation de l’organisation.
  3. Déployer le processus et décrire son mode de pilotage pour l’intégrer dans le système de management.
 Yassin Simou
 


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