Il serait intéressant de savoir quelles ont été les évolutions des comportements du client insatisfait durant ces dernières décades et notamment avec l’avènement d’Internet et des Smartphones.
Le client réclamant : toujours aussi sentimental!
Cet
article nous révèle que le silence et la défection restent de nos
jours les comportements dominants des clients insatisfaits. Malgré la mise en
évidence de ces comportements depuis presque un demi-siècle les organisations ne sont pas
arrivées à les changer. La cause n’est pas le manque d’investissement dans ce
domaine, notamment dans les outils de « Gestion de la Relation Client ».
Or ce
mot « outils » m’interpelle et me rappelle une étude menée par des
chercheurs d’HEC Montréal (téléchargement).
Le papier de recherche conclue : « Réclamer doit être vu comme une façon de
gérer des émotions, non seulement de la part du client mais aussi de la part de
l’entreprise… En focalisant les réponses sur les aspects fonctionnels et
objectifs des réclamations, les compagnies ignorent les émotions des clients
provocant ainsi par le traitement des plaintes une baisse de satisfaction
(augmentation de l’insatisfaction). Les clients ne se tournent pas vers
l’organisme que pour des raisons d’ordre pratique (par exemple un appareil
cassé) ils viennent aussi pour que leurs émotions soient apaisées : ils
cherchent ce qu’on peut appeler une "compensation psychologique". Avant de
solutionner les aspects fonctionnels de leurs doléances, la colère, la peur et
la résignation des plaignants doivent être traitées. » (fin de
citation).
En
effet l’investissement sur des outils est plus une stratégie « company-centric »
que « customer-centric » avec souvent une arrière-pensée de réduction de coûts,
même si l’intention première est d’offrir de nouvelles possibilités. On s’est
tous un jour retrouvés face à un automate, certes lorsque c’est un acte
routinier on est content de ne pas avoir à attendre ou à se déplacer. Mais
lorsqu’il s’agit d’être rassuré lors d’un problème ou d’un premier achat ce
n’est pas une machine qui apportera l’empathie et l’écoute nécessaires à ces
instants. La réponse pour les organisations est dans l’investissement dans les ressources humaines et
là aussi non pas par des gadgets ou des discours lénifiants mais comme pour les
clients en mettant l’Humain au cœur de la stratégie RH. Cette stratégie n’est
malheureusement pas compatible avec le fait de considérer le personnel comme une
variable d’ajustement économique. Pour cela je vous propose aussi cet article
« Les 7 impacts Satisfaction salarié &
client » (accéder à l'article).
« Le client sera soulagé (Tendances relation client 2016
- 7/10) » (accéder à l'article),
Je pense que cette prospective proposée par Thierry Spencer pour 2016 est
intéressante et opportune au risque de me contredire avec les lignes
précédentes. Une Relation Client basée sur des objets connectés (automates)
faciliterait-elle notre parcours de client ? La réponse est « OUI …mais… » ! OUI tant qu’elle nous permet de réduire les
efforts physiques et financiers à consentir mais elle ne pourra pas soulager nos
tensions psychologiques notamment lorsqu’on a un problème. Comme je le disais
plus-haut pour des actes routiniers et sans valeur ajoutée pour le client, ces
boutons connectés sont les bienvenus. Par contre, lorsque nos sentiments nous
submergent suite à une perception négative de la qualité fournie, les boutons
connectés viendront à point nommé nous faciliter la mise en contact avec le
Service Client sans augmenter notre désarroi. Mais ils ne pourront pas le
diminuer, seul un contact humain empreint de sentiments et d’empathie pourra le
faire.
«Are You Wasting Money on Customer
Experience? » (accéder à l'article) CMSWire a interviewé
dans cet article le PDG de CX ACT (ex TARP) sur les canaux préférés des
consommateurs pour contacter le Service Client. Il apparaît clairement que les
canaux avec contact humain restent les plus utilisés, notamment le téléphone,
loin devant les canaux asynchrones ou électroniques. C’est un des enseignements
tirés de la mise à jour en 2013 de l’étude menée en 1981 par TARP pour le compte
de la Maison Blanche, qui reste une référence sur les comportements des clients
mécontents. Un résumé de l’étude peut être consulté sur le site de CX ACT (ici)
quand à l’étude elle peut être téléchargée (ici). Malgré la
multiplicité des canaux proposés pour le retour d'information, les clients
préfèrent toujours le contact personnel lorsqu’ils ont un problème ou une
question. Néanmoins ils demandent à pouvoir accéder à des canaux digitaux pour
des opérations routinières ou simples. D’autre part l’étude montre que le FCR
(First-Contact-Resolution : Résolution au premier contact) reste le meilleur
driver de la satisfaction des clients réclamants.
En
gros rien de fondamental n’a changé dans nos comportements malgré la
mondialisation et la digitalisation : un client mécontent en fait part à
d’autres plus qu’un client satisfait, plus de 50% des clients sont insatisfaits
du traitement de leurs réclamations… Au fait si, une chose a évolué : notre
impatience a augmenté ! On n’aime plus attendre pour avoir une réponse et on
n’aime plus se répéter sinon on change de fournisseur, d’autant plus qu’on peut
accéder au bout du monde par un simple clic !
Quels impacts cela a-t-il sur les organisations ?
1/ Ces
études montrent que les organisations doivent rester prudentes avant de se
désengager des canaux classiques avec contact humain au profit du tout digital,
car l’interaction humaine reste le meilleur moyen de sauvegarder une relation en
danger. Attention néanmoins à doter le personnel en contact de la formation, de
l’autonomie et des outils nécessaires pour résoudre rapidement les problèmes des
clients. «Why it’s important to give customers choices of ways
to contact you» (accéder
à l'article) / «Forget ‘omni.’
Just
help me» (A
télécharger)
2/
L’investissement dans les canaux digitaux n’est pas non plus à ignorer, mais il
faudrait cibler son utilisation sur les moments de rencontre
« organisation-client » les moins chargés émotionnellement et où le client
trouvera une valeur ajoutée dans la dématérialisation de la relation
(élimination des contraintes spatio-temporelles, gain en coûts…). Attention au
silotage des canaux : «Unify Organizational
Silos to Maximize Value» (accéder à l'article).
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