Pour
opérationnaliser les attitudes à développer vis-à-vis de la réclamation client
plusieurs cabinets et auteurs ont classifié le client mécontent. La segmentation
est louable d’un point de vue managérial, mais lorsqu’on prétend améliorer la
satisfaction client et raffermir la relation client on n’utilise pas des
qualificatifs moqueurs et dégradants.
Je
trouve dommage que des analyses sur les clients réclamants et les recommandations qui en découlent,
souvent de qualité, soient entachées par des pointes à but humoristique en
décalage par rapport à l’objectif recherché.
Je préfère l’autodérision qui nous aide à prendre conscience de nos
faiblesses dans le traitement de l’insatisfaction que la dérision de celui qui
cherche à nous aider en nous montrant nos failles.
Gestion des réclamations : Oui à la segmentation
Le
traitement de l’insatisfaction constitue un moteur de la satisfaction client,
de l’amélioration continue, de la fidélisation et par conséquent de la
rentabilité (voir l’article à ce sujet). Elle fait partie intégrante de toute démarche
qualité et Relation Client. La réclamation est aussi reconnue comme une
composante essentielle de l’écoute clients. Les organisations investissent d’énormes
sommes en communication, formations et outils CRM pour que cette Voix du Client
irrigue toute l’entreprise. Les réclamations constituent une mine
d’informations pour améliorer l’intelligence client. Il est important de
classer et de corréler ces données pour les besoins d’analyse et d’action.
Client mécontent : Non aux clichés dégradants
Or il y a des typologies du client réclamant qui inquiètent
surtout lorsqu’elles émanent de spécialistes ou conseillers en relation client.
Des termes de cocu, maître chanteur, revanchard, procédurier, complexé, affabulateur
et j’en passe s’appliqueraient aux clients. C’est à dire à vous, à moi ainsi
qu’à leurs auteurs. Ceux qui exposent quelques mots plus loin des
recommandations fortes judicieuses en empathie et écoute clients. Ceux dont les
analyses et conseils nous culpabilisent, à juste titre, de faire fuir les
clients.
Comment
peut-on avoir de la considération pour le client si on le traite de
qualificatifs dégradants ? Comment surtout
peut-on convaincre les autres de bien le traiter si on utilise des caricatures
qui le diabolisent ou le ridiculisent ? “Les mots signifient plus que
ce qui est noté sur du papier” (Maya Angelou).
En
tant que client, est-ce qu’on aimerait se voir enregistré dans une base de
données sous l’étiquette de cocu, râleur ou revanchard ? Bien sur que
NON ! Je suis sur aussi qu’aucun des auteurs de ces catégorisations n’a
essayé de s’auto-évaluer à partir de sa grille.
La
plupart du temps en tant que professionnels nous agissons sans regarder dans un
miroir le reflet de notre comportement envers le consommateur. Imbus d’une
culture commerciale prédatrice nous considérons le client comme une proie et
son mécontentement comme une rébellion. « Oh Miroir, dit nous que nous sommes
les plus intelligents !» nous font extasier notre orgueil et notre narcissisme.
On
clame qu’il s’agit de rétablir une relation en danger en une relation « gagnant-gagnant »,
faite de considération, de confiance et d’empathie. Cependant notre vocabulaire
nous trahit : il dévoile notre cynisme et notre rapacité. L’écoute client doit nous amener
normalement à abandonner cette approche mercantile.
L’écoute client s’est se mettre à la place du Client
Lorsqu’on
décide une action ou on prodigue une théorie sur le client, il faut apprendre à
nous mettre à sa place. Il faut regarder le miroir avec ses yeux et en scrutant
tous les éléments de notre comportement : intentions, actions, mots, gestes,
regards, voix, styles... En nous posons la question : est-ce que moi
client je serai satisfait de cette façon d’agir ?
La
plupart des comportements clients sont le fruit d’une réaction aux agissements
des entreprises. Nos attitudes professionnelles ont transformé le consommateur,
que nous sommes aussi, en loup dont les qualités sont d’être méfiant et
d’apprendre de ses expériences. Un proverbe marocain dit : « le loup
ne se fait avoir qu’une fois ». Cela devra nous interpeller sur cette Relation
Client que nous voulons à long terme avec l’autre nous-mêmes, pour laquelle
nous investissons énormément sans vraiment nous investir humainement (Article sur le rôle des réclamations dans les relations humaines).
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